Affaire Dreyfus

 


Le 12 juillet 1906, Alfred Dreyfus est totalement réhabilité après des années d'affaire, de tractations, de haine, de violence et de rebondissement avec un arrêt de la Cour de Cassation .


Photo de la cérémonie de réhabilitation de Dreyfus (Herodote.net)


Que s'est-il réellement passé ?

À la fin de l'année1894 , le capitaine de l'armée française Alfred Dreyfus, polytechnicien, Juif d'origine alsacienne, accusé d'avoir livré aux Allemands des documents secrets. Il est condamné au bagne à perpétuité pour trahison et déporté sur l'île du Diable. À cette date, l'opinion comme la classe politique française est unanimement défavorable à Dreyfus.

Certaine de l'incohérence de cette condamnation, la famille du capitaine, derrière son frère Mathieu, tente de prouver son innocence, engageant à cette fin le journaliste Bernard Lazare. Parallèlement, le colonel Georges Picquart, chef du contre-espionnage, constate en mars 1896 que le vrai traître est le commandant Ferdinand Walsin Esterhazy. L'état-major refuse pourtant de revenir sur son jugement et affecte Picquart en Afrique du Nord.

Émile Zola publie « J'accuse… ! », réquisitoire dreyfusard qui entraîne le ralliement de nombreux intellectuels. Un processus de scission de la France est entamé, et se prolonge jusqu'à la fin du siècle. Des émeutes antisémites éclatent dans plus de vingt villes françaises. On dénombre plusieurs morts à Alger. La République est ébranlée, certains la voient même en péril, ce qui incite à en finir avec l'affaire Dreyfus pour ramener le calme.

Émile Zola, « J'accuse… ! » à la une du journal L'Aurore.



Le contexte social est marqué par la montée du nationalisme et de l'antisémitisme.

Dreyfus va comparaître plusieurs fois au tribunal mais il sort toujours coupable après le verdict. 

Le 14 août, dans cet imbroglio judicaire son avocat Me Labori est victime d'un attentat sur son parcours vers le tribunal. 

Accusé de diffamation, Zola est convoqué aux assises. Le procès s'ouvre dans une ambiance de grande violence : Zola récolte des insultes (« italianasse », émigré, apatride)

La foule agresse Émile Zola lorsque l'écrivain sort de son procès à Versailles en .
Zola aux outrages, huile sur toile peinte par Henry de Groux, 1898
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Jules Renard écrit dans son journal :

« À partir de ce soir, je tiens à la République, qui m'inspire un respect, une tendresse que je ne me connaissais pas. Je déclare que le mot Justice est le plus beau de la langue des hommes, et qu'il faut pleurer si les hommes ne le comprennent plus. »

Le , la chambre criminelle rend son rapport en mettant en exergue deux faits majeurs : il est certain qu'Esterhazy a utilisé le même papier pelure que le bordereau et le dossier secret est totalement vide. Ces deux faits majeurs anéantissent toutes les procédures contre Alfred Dreyfus à eux seuls.

Photographie du bordereau datée du . L'original a disparu entre 1900 et 1940.

Le lendemain du verdict, Alfred Dreyfus, après avoir hésité, dépose un pourvoi en révision. Waldeck-Rousseau, dans une position difficile, aborde pour la première fois la grâce. Pour Dreyfus, c'est accepter la culpabilité. Mais à bout de force, éloigné des siens depuis trop longtemps, il accepte. Le décret est signé le 19 septembre et il est libéré le . Nombreux sont les dreyfusards frustrés par cette solution. L'opinion publique accueille cette conclusion de manière indifférente. 

Préférant éviter un troisième procès, le gouvernement a donc décidé de gracier Dreyfus : le président Émile Loubet le  signe le décret après de multiples tergiversations. Dreyfus n'est pas pour autant innocenté. Le processus de réhabilitation ne sera achevé que près de sept ans plus tard, sans éclat ni passion.

Enfin, le 12 juillet 1906, sous le gouvernement présidé par Ferdinand Sarrien, auquel participent Georges Clemenceau et Aristide Briand, l'Affaire trouve son épilogue avec un arrêt de la Cour de Cassation qui casse le jugement du 9 septembre 1899.

Dreyfus est réintégré dans l'armée, avec le grade de chef d'escadron (commandant), par la loi du 

Dreyfus est définitivement innocenté. En reconnaissance de son extraordinaire ténacité dans l'épreuve, il est fait chevalier de la Légion d'honneur dans la cour de l'École militaire le 21 juillet 1906, non loin de l'endroit où il a été dégradé onze ans plus tôt ! L'émotion est extrême ainsi qu'il le raconte dans ses mémoires : après la remise de l'insigne, « les troupes défilèrent devant le général Gillain, devant le commandant Targe et devant moi, les officiers saluant du sabre au passage. Les cuivres chantèrent haut et clair en ce jour d'allégresse. Les troupes disparurent. Aussitôt on m'entoura en criant : « Vive Dreyfus ! » Non, m'écriai-je : « Vive la République, vive la vérité ». Les mains se tendirent vers moi... ».

L'origine de l'affaire Dreyfus, bien que totalement éclaircie depuis les années 1960, a suscité de nombreuses controverses pendant près d'un siècle. Il s'agit d'une affaire d'espionnage dont les intentions sont restées obscures jusqu'à nos jours. De nombreux historiens parmi les plus éminents expriment plusieurs hypothèses distinctes sur l'affaire, mais tous arrivent à une conclusion unique : Dreyfus était innocent.

Emile Zola disait in J'accuse, «C'est un crime que d'exploiter le patriotisme pour des oeuvres de haine, et c'est un crime enfin que de faire du sabre le dieu moderne, lorsque toute la science humaine est au travail pour l'œuvre prochaine de vérité et de justice.(…) La vérité est en marche et rien ne l'arrêtera».


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La loi sur le droit de divorce